L’Essentiel n°3
Ou le journal de l’aventure entrepreneuriale d’Agathe et Xavier
Bonjour à tous,
Après près de deux mois de silence radio, nous voici-enfin de retour pour vous donner de nos nouvelles ! Les distillations avancent bien et nous sommes toujours plus motivés dans notre projet. Ce numéro vous permettra d’en comprendre les raisons et sera encore plein de rebondissements, de doutes et de bonnes surprises !
Depuis notre première visite à « la galeria de Cali » (le marché) nous avons pris les coordonnées de plusieurs agriculteurs que nous appelons presque tous les mardis pour passer des commandes de plantes que nous souhaitons distiller le vendredi suivant. Cette routine qui s’installe permet aux agriculteurs du marché de nous connaitre un peu mieux et de comprendre que nous cherchons à créer une relation sur le long terme avec eux. Ces visites hebdomadaires ont valu d’ailleurs à Xavier qui ne s’y rend jamais sans son grand panier en osier, le surnom de : « El mono del canasto ».
Fin Juillet notre fine équipe fut rejointe temporairement par Loïc. Un bon ami de Xavier qui décida de nous rejoindre pour nous donner un coup de main et découvrir la Colombie. De ce fait, nous nous octroyâmes une petite semaine pour découvrir les plaisirs de la côte Caraïbe avec sa grandiose Carthagène des Indes, ses plages de rêve et son imposant massif montagneux, le plus haut du monde bordant la mer : « la Sierra Nevada Santa Marta ».
Après ce petit « break », le mois d’août s’est poursuivi, marqué par de longues journées de travail dans notre appartement afin, surtout, de mettre en ligne notre site internet. Nous avons aussi réalisé les modèles de nos étiquettes pour les premières fioles que nous aimerions vendre localement. Ces trois grosses semaines de prise de tête ont été fort bien récompensées par un résultat visuel convainquant. Nous vous laissons d’ailleurs en juger par vous-même: www.aceitesdelalba.com
C’est donc le bon moment pour enfin vous révéler au grand jour le nom de notre entreprise ! Pour ceux qui ne l’auraient décelé dans le lien plus haut, nous avons décidé de nous appeler : « Aceites Del AlbA » soit les Huiles De l’Aube en français. Vous êtes sûrement entrain de vous dire : « Oui, pourquoi pas, c’est sympa, mais quel est le rapport avec le schmilblik ? ». Laissez-nous vous expliquer. Premièrement, le meilleur moment pour récolter les plantes aromatiques avant de les distiller, c’est à l’aube. Ensuite, une des espèces de verveine spécifique de la région et que l’on distille s’appelle Lippia alba. Petit clin d’œil aussi à la sœur d’Agathe qui porte le beau prénom d’Aurore et finalement la grand-mère maternelle de Xavier qui s’appelait Alba. En plus de la simplicité de ce mot et de sa sonorité qui nous plaisait, celui-ci regorge de sens pour nous.
Bon, revenons-en à nos moutons. Pour découvrir le pays et ne pas perdre de temps dans notre travail, nous profitons parfois de nos week-ends pour aller dans différentes régions où nous essayons de rencontrer des agriculteurs qui produisent déjà des plantes aromatiques. Pour le moment nous sommes allés au-dessus de Cali sur les recommandations des agriculteurs de « la galeria ». Un dimanche de fin août, nous avons suivi une piste, selon laquelle, dans le village de « la Elvira », il y avait un groupement d’agriculteurs qui se serait formé dans le but de produire des huiles essentielles. Il ne faut pas non plus prendre nos rêves pour des réalités… Arrivés dans ce fameux village, nous nous rendons chez l’agriculteur qui devrait être le chef du groupement. Il nous accueille chaleureusement et il a effectivement un petit distillateur de vingt kilogrammes qu’il utilise pour concocter des remèdes miracles avec sa femme et que tous deux revendent à de fidèles clients du coin. Pour ce qui est du groupement… il ne s’est jamais vraiment formé… Nous avons remarqué souvent des configurations similaires en allant dans des villages de cette manière. C’est-à-dire, plusieurs agriculteurs qui se réunissent pour apprendre à cultiver des plantes aromatiques et les distiller. Cette initiative vient, la plupart du temps, d’un organisme de l’Etat qui propose des formations gratuites aux paysans. Ceux-ci en profitent mais le souci majeur est qu’une fois les cours réalisés et le matériel donné, l’organisme part et ne fournit aucune solution aux agriculteurs pour vendre leur production… Aucune étude de marché n’est faite et ce joyeux groupement se retrouve avec leurs huiles essentielles qui vaut une fortune sur les bras et ne sait absolument pas quoi en faire… Que voulez-vous, ils arrêtent bien sûr.
Enfin bon, cette fois-ci, le couple qui nous a accueillis, nous a relancés sur une nouvelle piste : dans un village voisin, un monsieur aurait un distillateur plus grand. Nous repartons alors sur la trace des alambics perdus. Arrivés à la bourgade voisine, perchée à sept cent mètres au-dessus de Cali, nous rencontrâmes Mauro, qui effectivement est en possession de deux distillateurs dont un avec une cuve de cent kilogrammes qu’il utilise toujours. Nous prévoyons ainsi d’essayer de travailler, pour de futures commandes en collaboration avec lui. Celui-ci ajoute, en fin de discussion, qu’il connait, à dix minutes de route, un patron d’une compagnie de bus locale, qui a investi dans un distillateur pour distiller l’eucalyptus de sa propriété. Il nous propose de nous y accompagner et, là, nous découvrons un distillateur industriel d’environ mille cinq cent litres ! (Soit près de 400 kg de plantes). Presque neuve, cette unité d’extraction, achetée par ce riche propriétaire n’a servi que quelques fois avant d’être abandonnée à son triste sort dans le hangar du corps de ferme. Nous espérons pouvoir nous accorder avec la famille de ce monsieur afin de trouver une meilleure utilité à ce gros bestiau qui pour le moment ne sert qu’à prendre la poussière.
Les derniers jours du mois d’août furent marqués par une rencontre qui a bouleversé les deux dernier mois de notre séjour et l’ont rendu cent fois plus palpitant ! C’est grâce à une très bonne amie de la famille d’Agathe, Valérie Gélézeau que nous avons eu le contact de Jean-Hugues Chailley. Installé à Bogota depuis près de quinze ans, il a pu nous donner de nombreux conseils pour notre projet, et, par-dessus tout, il nous a donné des contacts clefs pour nous rendre au colloque international de l’IFEAT (The International Federation of Essential oils and Aroma Trades). Cet évènement se déroule une fois par an à chaque fois dans un nouvel endroit du monde et rassemble les grands groupes de la filière des huiles essentielles et arômes ainsi qu’un grand nombre d’entreprises faisant du commerce à l’international. Et cette année, par chance il se déroulait à Carthagène des Indes, en Colombie !
Nous étions déjà au courant de l’existence de ce colloque et cela faisait près de six mois que nous cherchions diverses solutions pour y participer sans devoir hypothéquer nos chemises. Il faut effectivement débourser près de trois mille dollars par personne pour assister à l’évènement…Grâce aux contacts de Jean-Hugues Chailley nous avons pu prévoir plusieurs rendez-vous en marge du colloque et profiter de leur venue en Colombie pour leur présenter notre future entreprise, et nos échantillons. Notre départ sur la côte s’est donc décidé une petite semaine avant l’IFEAT. A partir du moment où les billets ont été pris, c’était le branle-bas de combat ! Il fallait tout préparer pour pouvoir se présenter parfaitement là-bas. Nous avons sélectionné des échantillons, créé leurs petits étuis de présentation, rédigé des explications sur toutes les huiles, designé une plaquette, un catalogue, les cartes de visite et le site internet !
C’est donc dès le dimanche 9 septembre que nous avons enchainé les rendez-vous, plus intéressants et passionnants les uns que les autres. Le lundi matin nous avons gentiment demandé à l’administration de l’hôtel où se déroulait le colloque et s’il était possible de s’installer dans leur lobby. A notre grande surprise ils acceptèrent et nous pûmes donc rencontrer de nombreuses personnes entre deux conférences ou réunions d’affaires. Nous en profitons au passage pour les remercier toutes (et elles se reconnaitront) pour les nombreux conseils, informations et le soutien qu’elles nous ont apportées.
Après cette semaine de merveilleuses rencontres, nous nous rendîmes une journée à la frontière entre le département du Bolivar (Cathagène) et de l’Atlantico (Barranquilla). Nous y avons rencontré des agriculteurs sans terre qui avec l’aide de l’ONG Envol’vert préservent les forêts en y pratiquant l’agroforesterie. L’idée était de voir leur organisation dans le but d’éventuellement travailler dans le futur avec eux pour la culture de plantes aromatiques. Nous avons constaté les moyens investis pour la réussite de ce projet et espérons pouvoir dans les années qui viennent collaborer avec cette association très sérieuse.
Notre séjour se termina par un court week-end à l’archipel de San Bernardo au sud de Carthagène mais cette fois-ci dans le but d’évaluer la qualité du bleu de la mer et l’accueil des pêcheurs locaux !
De retour au bercail, nous nous attelons à la tâche d’assimiler l’ensemble des informations recueillies pendant cette semaine folle et de nous préparer à la dernière ligne droite de notre séjour en Colombie.
A bientôt pour de nouvelles aventures entrepreneuriales,
Agathe et Xavier