L’Essentiel n°4
Ou le journal de l’aventure entrepreneuriale d’Agathe et Xavier
Bonjour à tous,
Voici le dernier numéro de l’Essentiel en Colombie. Notre première expédition dans ce pays est enfin terminée. Pour finir notre aventure en apothéose, nous sommes partis pour une ultime expédition de près de deux semaines et 3000 kilomètres avec le pick-up !
Le dernier week-end de septembre, nous avons, comme à notre habitude réalisé une brève excursion d’une journée dans les environs de Cali pour rencontrer de nouveaux agriculteurs. C’est de cette manière que nous avons trouvé une région produisant des hectares et des hectares de thym ! Nous n’avons pas eu le temps de distiller sur le champ un échantillon de ce thym, mais nous comptions le faire d’ici notre départ. Dans la même journée, nous pûmes aussi obtenir plusieurs contacts de personnes produisant du curcuma dans le « Valle del Cauca » !
Les jours avant le départ ont été rythmés par des distillations dans l’appartement et les préparatifs de notre ultime expédition en Colombie. Petite parenthèse : ce dernier voyage, comme l’a été celui de Carthagène, fut marqué par plusieurs rencontres et entretiens clefs pour notre projet, de ce fait, à ce stade de notre avancement nous devons garder quelques informations pour nous. Vous nous excuserez donc pour le manque de détails de certains passages de notre récit.
Au départ nous avions prévu de nous rendre seulement une semaine à Bogota du 8 au 14 octobre, pour rencontrer diverses entreprises, la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) France-Colombie et certaines personnes comme Jean-Hugues Chailley qui nous ont tant aidés depuis août dernier. L’idée était aussi d’y retrouver et de ramener à Cali les parents de Xavier venus pour nous aider aux derniers préparatifs pour notre retour en France. Mais notre organisation d’origine fut vite chamboulée. Notre parcours s’est allongé d’abord de deux jours puis d’une semaine au fur et à mesure des appels passés par Xavier car des rendez-vous supplémentaires avec des nouveaux agriculteurs de différentes régions s’ajoutaient. Il devint alors indispensable de revoir notre itinéraire car ils n’étaient plus vraiment sur la route vers Bogota. « Oups ! Mais, si nous partons deux semaines finalement, cela veut dire que nous devons partir demain ! » Eh oui, nous réalisâmes tout à coup que nous étions le premier octobre et que si nous voulions réaliser tout notre programme, il fallait prendre la voiture dès le lendemain soir. Ni une, ni deux, nous prenons nos cliques, nos claques et notre distillateur pour décoller au plus vite.
A partir de maintenant, pour garder un peu de mystère sur nos rencontres, nous utiliserons des pseudonymes (très sérieux), pour les noms des personnes et les lieux où nous nous sommes rendus.
Notre première halte fût chez un producteur de curcuma que nous appellerons M. Tartenpion. C’était la première fois que nous avons pu voir une vraie culture de ce rhizome bien qu’elle fût de taille modeste. Ce cher M. Tartenpion nous proposa, dans l’après-midi, de distiller les feuilles et les rhizomes de son curcuma pour obtenir les échantillons dont nous avions besoin pour notre retour en France. Nous passâmes donc tout le reste de la journée à récolter, laver, couper en lamelles et distiller le curcuma. Nous étions ravis de cette expérience qui nous a permis d’obtenir de bien meilleurs rendements que lors de nos premières tentatives avec le curcuma d’Alcalà.
Le jour suivant nous nous rendîmes chez M. Dupont et M. Dupond, deux frères produisant, cette fois-ci, de la cardamome ! La découverte de cette culture est pour nous, particulièrement passionnante. Tout d’abord l’arôme de cette huile est tout simplement envoûtant et nous plaît énormément. Voir pour la première fois une culture de cette plante c’est vraiment impressionnant. Imaginez-vous de hautes tiges feuillues de près de quatre mètres de haut formant à leur base des grappes de fleurs et de petits fruits verts dégageant la fragrance si familière de cette épice des Indes. Un vrai plaisir ! Nous n’eûmes pas le temps de faire une distillation mais nous emportâmes un sac de dix kilos de graines afin de pouvoir la faire dès notre retour à Cali.
Ravis de cette découverte très prometteuse, nous repartons sur les routes sinueuses de Colombie.
La prochaine étape de notre périple est Medellin. Nous découvrons cette ville mythique à la pénombre du crépuscule, sous une pluie épaisse. Ce n’est donc que le lendemain matin que nous pûmes constater son étendue entrelacée en creux de vallée. Toujours dans un brouillard pesant, jaillissent des gratte-ciels imposants et ternes. Sur les flancs, les montagnes semblent à vif marquées par l’amoncellement de constructions de fortune bâties de briques d’un rouge profond. Un ami nous a informés qu’une conférence sur les huiles essentielles aurait lieu, par chance, ce matin même. Nous prenons donc notre matinée pour y assister.
Après cette halte dans la deuxième plus grande ville de Colombie, il ne nous reste plus qu’à découvrir la capitale ! C’est donc deux jours après et une nuit passée à « pétaouchnok les oies » que nous arrivons à Bogota. Les quatre jours passés dans cette mégalopole perchée à 2800 mètres d’altitude ont été, là aussi, riches en rencontres. Nous avons pu remercier de vive voix Jean-Hugues Chailley pour les contacts qu’il nous a donnés. Il nous a même mis en relation avec des entreprises colombiennes fondées par des français, afin d’avoir plus d’informations sur les démarches que nous allons devoir entreprendre à notre tour pour la création de l’entreprise. Nous avons pu aussi nous rendre à la Chambre de Commerce et d’Industrie France-Colombie. Nous ont rejoints pendant ce séjour, les parents de Xavier venus nous donner un coup de main avant notre départ.
Le moment le plus marquant de ces quelques jours à Bogota fut la nuit où nous nous sommes rendus au marché des plantes aromatiques dont nous avions entendu parler depuis déjà plusieurs mois. C’est un endroit incroyable où des centaines d’agriculteurs se retrouvent deux fois par semaine pour vendre toutes sortes de plantes aromatiques qui poussent dans la région. Des arômes et fragrances de menthe, de thym, de camomille, de verveine… s’entremêlent jusqu’à vous en donner le tournis. Grâce à ce marché, nous avons pu prendre des nouveaux contacts et rendre visite à quelques agriculteurs avant de redescendre à Cali.
Pour les derniers préparatifs avant notre départ de Colombie nous avons pu réaliser un maximum de distillations pour s’assurer de partir avec tous les échantillons d’huiles essentielles que nous voulions rapporter. Nous avons même réussi à trouver le temps pour rendre visite à une coopérative d’agriculteurs très sympathiques autour de Cali qui pratiquent l’agro-écologie. L’autre mission de ces dernières semaines était de partir avec un business plan le plus réaliste possible de notre projet. Nous avons donc pour cela profité de l’expertise du père de Xavier et de son logiciel de la FAO pour la réalisation du plan d’affaires.
Le 5 novembre, après six mois d’aventures et de travail intense (tout de même !), nous repartons vers le vieux continent chargés de tous nos trésors d’essences.
A bientôt pour de nouvelles aventures entrepreneuriales,
Agathe et Xavier